Changements climatiques : démystifier le mythe des données

Comment les normes peuvent-elles aider à débusquer les fraudes dans le contexte des changements climatiques.

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Après de longs débats, le sommet sur le climat de la COP26 s’est achevé sur l’accord de 197 parties sur le nouveau pacte climatique de Glasgow. Ce pacte incitera les États à renforcer leurs objectifs de réduction des émissions de CO2 pour 2030 d’ici la fin de l’année prochaine et reconnaîtra officiellement la nécessité de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45 % à l’horizon 2030.

Après l’adoption de ces décisions dans le cadre de la Conférence de novembre 2021, le Président de la COP26, Alok Sharma, a déclaré lors du sommet sur le climat que l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C « ne survivra que si nous tenons nos promesses, si nous traduisons nos engagements en actions rapides ».

La mesure des progrès accomplis sur la base des promesses et des actions en faveur de la lutte contre les changements climatiques repose sur des données. Or, selon de nombreux observateurs, les données sur lesquelles le monde s’appuie manquent de précision, soit volontairement, soit simplement du fait du nombre insuffisant de normes sur les modalités de déclaration de données factuelles sur les émissions de CO2 et leur absorption.

Des émissions sous-déclarées

Une enquête du Washington Post publiée lors de la COP26 a révélé que « de nombreux pays sous-déclarent leurs émissions de gaz à effet de serre dans leurs rapports aux Nations Unies... [Il existe] un écart considérable entre les émissions déclarées par les États et les volumes de gaz à effet de serre qu’ils rejettent dans l’atmosphère. Cet écart représente chaque année entre 8,5 milliards et 13,3 milliards de tonnes d’émissions non déclarées, ce qui suffit à fausser les données indiquant l’ampleur du réchauffement de la planète. »

En l’absence d’un système de mesure des émissions de carbone convenu à l’échelon mondial, rien n’empêche certains États de minimiser l’ampleur de leurs problèmes et de leurs solutions. Les normes peuvent contribuer à éviter que cela ne se produise en garantissant une mesure continue et précise des progrès réels dans la lutte contre les changements climatiques.

Le comité de l’ISO pour le management environnemental a élaboré des normes spécifiques pour faire face aux impacts environnementaux et climatiques. Parmi les aspects examinés, le comité se concentre sur les systèmes de management environnemental, l’audit, la vérification et la validation, l’évaluation des performances environnementales ainsi que sur les changements climatiques, leur atténuation et l’adaptation à leurs effets.

La confusion règne

Lors de la COP26, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a fait une mise en garde : « S’agissant de la réduction des émissions et de l’objectif de zéro émission nette, le manque de crédibilité et la confusion règnent, chacun donnant aux mots un sens différent et mesurant les choses différemment. »

Sheila Leggett, Présidente du comité de l’ISO pour le management environnemental, affirme que le moment est venu d’ouvrir la voie à des solutions aux changements climatiques et de veiller à ce que les promesses soient tenues sur la base de données fiables et cohérentes. « Je pense que le Secrétaire général de l’ONU faisait référence à ce que j’ai pu observer sur le marché », a déclaré Mme Leggett. « Il y a eu pléthore de normes produites par diverses sources, et pourtant les définitions et les mesures employées ne sont pas suffisamment normalisées. »

Le rôle des normes

Les normes de la série ISO 1406x pour la quantification des émissions de gaz à effet de serre et la validation et la vérification des déclarations de ces dernières reposent sur l’idée que, pour contrôler une activité, il convient en premier lieu la mesurer. Ces normes sont fondées sur les principes fondamentaux de l’ISO que sont l’harmonisation, la cohérence, la comparabilité, la traçabilité et, par-dessus tout, la validité.

Sheila Leggett, Présidente de l’ISO/TC 207, Management environnemental.

« Les Normes internationales sont, de mon point de vue, essentielles pour fournir à l’ensemble des acteurs dans le monde des méthodes fiables et réplicables permettant de communiquer des mesures chiffrées associées aux données relatives aux changements climatiques », explique Mme Leggett. « La réplicabilité est un aspect essentiel de la capacité à suivre les données d’année en année pour comprendre où nous en sommes par rapport à ce que nous devons faire. Cela permet un réétalonnage en cours de route, plutôt que d’attendre des décennies pour déterminer si nous avons accompli notre mission. »

Sans cohérence et sans validité, il est impossible d’obtenir des mesures comparables des émissions de gaz à effet de serre et de leur absorption à l’échelon mondial. « Il est indispensable de garantir la cohérence de la communication des données climatiques partout dans le monde si nous voulons suivre activement nos progrès. Les Normes internationales fournissent le cadre nécessaire pour y parvenir », ajoute Mme Leggett.

La cohérence est le maître-mot

L’avantage des normes ISO réside dans le fait qu’elles ont été élaborées par des experts du monde entier, issus de pays en développement comme de pays développés, et qu’elles sont le fruit d’un consensus. Mme Leggett ajoute : « De mon point de vue, les normes élaborées par des experts bénéficient ainsi d’une contribution aussi large que possible. Des compétences approfondies et une large représentation tout au long de l’élaboration et de l’approbation finale de ces normes sont essentielles pour aboutir à une approche globale de la mesure des changements climatiques. »

Daniel Trillos, Président jumelé du comité de l’ISO pour le management environnemental, souligne également la nécessité pour chacune et chacun, partout dans le monde, « d’être sur la même longueur d’onde, de recourir aux mêmes méthodes pour rendre compte de ses actions environnementales ».

« Sans cette cohérence, nous ne pourrons pas nous appuyer sur des données précises pour poser des jalons, définir des objectifs et voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Il s’agit clairement d’un obstacle majeur à la réalisation des objectifs climatiques », a déclaré M. Trillos lors du Forum de la Chambre de commerce internationale organisé en marge de la COP26.

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